Météo-rites · Par Claire de Virieu / Rites of weather · By Claire de Virieu

Paris Jardins / Paris Gardens
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Chaque livre est une histoire d'amour. J'aime Paris. J'y suis née et j'y vis. Ses jardins sont autant de miroirs où se reflètent sa culture, son esprit et sa beauté si particulière. Dans son livre sur le "Merveilleux", Pierre Mabille écrit :

"Les amants sont des sourciers infaillibles... leurs yeux, renouvelés par l'émotion, perçoivent la totale réalité des choses qu'ils lavent de la poussière des habitudes."

C'est avec ces yeux là que je me suis promenée dans les jardins de Paris. Je les ai traversés, retraversés... jusqu'à ce que, peu à peu, ils me traversent à leur tour... dans la lumière qui est la matière de mon travail, comme la pierre l'est au sculpteur ou la couleur au peintre.
Car, si le ciel longuement scruté et l'improbable météo me semblaient favorables, c'est à un rendez-vous lumineux que je me suis rendue chaque matin.
Il y en eut beaucoup de manqués... d'autres,plus rares,ont été des moments de grâce.

Les images qui me sont données là, je les appelle météo-rites : ce sont des cadeaux du ciel. Seuls comptent le regard, l'attente de l'instant magique où la lumière crée l'image, où le jardin révèle un peu de son âme.
Certains se livrent tout de suite. Pour d'autres, il s'agit d'une longue et difficile conquête... avec parfois la surprise des rencontres... Insolite, furtive, tendre ou joyeuse, chacune de ces apparitions est accueillie, portée par le jardin, comme participant de la même sève : le citadin vient au jardin se relier au vivant. Ce monde calme et apaisant est séparé des trépidations urbaines par une grille. Lorsqu'on la franchit, le corps est en émoi, touché par ce pollen de vie que savent recueillir les attentifs : le regard s'aiguise, l'air a du goût, les bruits s'harmonisent, la terre est douce sous les pieds, tout est caresse.
Ces moments d'heureuse complicité sont venus se fixer dans ma boîte à "éphémère (s)".

Claire de Virieu

Every book is a love story. I love Paris. It is the city where I was born and where I now live. Its gardens are like a myriad of mirrors that reflect its particular culture, spirit and beauty. In his book, "The Mirror of the Marvelous", Pierre Mabille wrote:

"Lovers are like infallible witches... with eyes renewed through their love they perceive the reality of things and then wipe the dust from their customary ways."

It is with these eyes that I walk through the gardens of Paris. Over and over I wander through them until little by little the garden begins to wander into me, whether it be the light, my primary material, or the stone that resembles a sculpture or like its been painted there on purpose.
Every morning after carefully observing the sky, and if the weather looks to be favorable, it is a rendezvous with the light that I follow.
Many moments have been missed, others, more rare, have had the feeling of a moment of grace.

Images that I call "rites of weather", are those that I feel have been given to me, like gifts from the sky. Beyond looking around me, it is the time spent patiently waiting for that fleeting, magic moment in which the light conveys the image and the garden reveals a bit of its soul.
Some days it happens right away, while others feel like a long and difficult battle that may present the unexpected encounter, unusual, furtive, fragile or perhaps joyous. Each one of these appearances is welcome and given to me by the garden as if we shared the same bonds. The city dweller enters into the garden and reconnects to the living. A humble gate separates this world of calm and quiet from the speed of urban life. Once we cross over, the body is aflutter, touched by this pollen of life that knows how to welcome its disciples. Our vision feels heightened, air tastes better, noises are harmonized, the earth is soft under our feet, everything caresses.
These moments of complicit happiness are forever a part of my treasure box of the ephemeral.

Claire de Virieu